sábado, julio 05, 2008

Oh vivre ici, Démétrios

















Las letras del epitafio

Oh vivir aquí, Demetrios, en los brazos replegados
de las colinas. Con un techo, queso, vino
pieles de cabra en lugar de cascos bajo la cabeza
para mirar el cielo al que no comprendemos nada
acostados esta noche sobre el pasto raso donde se extendieron
al alba las decepcionantes tripas de una gallina, donde mañana
rodarán en la sangre tus dracmas con el perfil gastado,
mercenario. Roncas.
Quizás durmiendo conoces la forma de los mundos
y sabremos la razón de ello más tarde
cuando, al tocar la luz la punta de nuestras armas
haya que ir allí, camarada.
Negras son las heridas en el sol que tiene sed.
Que la espada nos abrevie: ninguna inmortal, puedes creerme,
vendrá a ensuciar sus pies descalzos en el sebo de los que yacen.
Empuña entonces la tierra y muerde, si quieres que un poco de polvo
tenga piedad de tu sombra y recuerde. Arriba no veo
estrella que ya no olvide, con dura mirada que cruza
el humo inútil de los sacrificios.
Incluso los infernales
se callan, y estamos solos con la hora que se estrecha.
Pero el arroyo que separa nuestros fuegos del otro ejército
abajo susurra todavía y hace que brillen entre las cañas
esas altas letras trémulas que no sé leer.

Jacques Réda (Lunéville, 1929), de Récitatif (1970). Traducción de Jorge Fondebrider.


Les lettres de l'epitaphe
Oh vivre ici, Démétrios, dans les bras repliés/ des collines. Avec un toit, du fromage, du vin,/ des fourrures de chèvre au lieu de casques sous la tête/ pour regarder le ciel à quoi nous ne comprenons rien/ couchés ce soir sur l'herbe rase où l'on a répandu/ à l'aube les boyaux décevant d'une poule, où demain/ rouleront dans le sang tes drachmes au profil usé,/ mercenaire. Tu ronfles./ Peut-être qu'en dormant tu connais la forme des mondes/ Et que nous en saurons la raison tout à l'heure/ quand la lumière ayant touché la pointe de nos armes/ il faudra y aller, camarade./ Noires sont les blessures au soleil qui a soif./ Que l'épée nous abrège: aucune immortelle, crois-moi,/ ne viendra salir ses pieds nus dans la sève de ceux qui gisent./ Empoigne donc la terre et mords, si tu veux qu'un peu de poussière/ ait pitié de ton ombre et se souvienne. En haut je ne vois pas/ d'étoile qui déjà ne soit oubli, dur regard traversant/ la fumée inutile des sacrifices./ Même les Infernales/ se taisent, et nous sommes seuls avec l'heure qui rétrécit./ Mais le ruisseau qui sépare nos feux de l'autre armée/ en bas chuchote encore et fait luire entre les roseaux/ ces hautes tremblantes lettres que je ne sais pas lire.


Foto: en Patrick Corneau [act. 2020]

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