martes, septiembre 02, 2008

Valery Larbaud / Oda
















Préstame tu gran ruido, tu gran andar tan dulce,
Tu deslizamiento nocturno a través de la Europa iluminada
¡Oh tren de lujo! y la angustiosa música
Que se enreda a lo largo de tus pasillos de cuero dorado,
Mientras que tras las puertas laqueadas, de picaportes de cobre pesado,
Duermen los millonarios.

Recorro canturreando tus pasillos
Y sigo tu carrera hacia Viena y Budapesth,
Mezclando mi voz a tus cien mil voces,
¡Oh Tren-Acordeón!

He sentido por vez primera toda la dulzura de vivir,
En un camarote del Nord-Express, entre Wirballen y Pskow.
Resbalábase a través de las praderas donde pastores,
Al pie de grupos de grandes árboles semejantes a colinas,
Estaban vestidos de pieles de corderos crudas y sucias…
(Ocho de la mañana de otoño, la bella cantatriz
De ojos violetas cantaba en la cabina de al lado).

¡Y vosotros, grandes vidrios a través de los cuales he visto pasar la Siberia y los montes del Sammiun,
La Castilla áspera y sin flores, y la mar de Mármara bajo una lluvia tibia!

Prestadme, oh Orient-Express, Sud-Brenner-Bahn, prestadme
Vuestros milagrosos ruidos sordos y
Vuestras vibrantes voces de reclamo;
Prestadme la respiración ligera y fácil
De las locomotoras altas y delgadas, de movimientos
Tan cómodos, las locomotoras de los rápidos,
Precediendo sin esfuerzo cuatro vagones amarillos con letras de oro
En las soledades montañesas de la Serbia,
Y, más lejos, a través de la Bulgaria llena de rosas…

¡Ah! es necesario que esos ruidos y que ese movimiento
Entren en mis poemas y digan
Por mí una vida indecible, mi vida
De niño que nada quiere saber, sino
Esperar eternamente cosas vagas.

Valery Larbaud (Vichy, Francia, 1881-1957), Les Poésies de A.O. Barnabooth, Gallimard, 1913
Traducción de Evar Méndez y Francisco Luis Bernárdez 

Martín Fierro, 2ª época, N° 16, Buenos Aires, mayo 5 de 1925, vía La traducción literaria. Antología del poema traducido, por Lyzandro Z. D. Galtier. Tomo II; Ediciones Culturales Argentinas, Ministerio de Educación y Justicia, Subsecretaría de Cultura, 1965

Foto: París Match/Getty Images 

Ode
Prête-moi ton grand bruit, ta grande allure si douce, / Ton glissement nocturne à travers l'Europe illuminée, /Ô train de luxe ! et l'angoissante musique /Qui bruit le long de tes couloirs de cuir doré, / Tandis que derrière les portes laquées, aux loquets de cuivre lourd, / Dorment les millionnaires.//Je parcours en chantonnant tes couloirs/ Et je suis ta course vers Vienne et Budapesth, / Mêlant ma voix à tes cent mille voix, / Ô Harmonika-Zug! //J'ai senti pour la première fois toute la douceur de vivre,/ Dans une cabine du Nord-Express, entre Wirballen et Pskow. / On glissait à travers des prairies où des bergers,/Au pied de groupes de grands arbres pareils à des collines, / Etaient vêtus de peaux de moutons crues et sales. / (huit heures du matin en automne, et la belle cantatrice /Aux yeux violets chantait dans la cabine à côté.) //Et vous, grandes places à travers lesquelles j'ai vu passer la Sibérie et les monts du Samnium, / La Castille âpre et sans fleurs, et la mer de Marmara sous une pluie tiède! //Prêtez-moi, ô Orient-Express, Sud-Brenner-Bahn , prêtez-moi /Vos miraculeux bruits sourds et/Vos vibrantes voix de chanterelle; /Prêtez-moi la respiration légère et facile /Des locomotives hautes et minces, aux mouvements/ Si aisés, les locomotives des rapides, /Précédant sans effort quatre wagons jaunes à lettres d'or /Dans les solitudes montagnardes de la Serbie, / Et, plus loin, à travers la Bulgarie pleine de roses.// Ah! il faut que ces bruits et que ce mouvement /Entrent dans mes poèmes et disent/ Pour moi ma vie indicible, ma vie /D'enfant qui ne veut rien savoir, sinon /Espérer éternellement des choses vagues.

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